21

J’abordais l’autre jour le sujet de la biotechnologie. J’ai

reçu bon nombre de lettres de lecteurs qui se demandent où en sont les recherches, si prometteuses avant-guerre. Je crois deviner des intérêts personnels dans leurs interrogations ; guérisons de maladies aujourd’hui jugées incurables, améliorations d’un organisme parfois déficient ou seulement inesthétique, et, surtout, l’éternelle préoccupation à laquelle n’ont pas su répondre les religions : la mort est-elle

inéluctable ? Certains me demandent également si les soldats génétiquement modifiés, les fameux SGM, ont réellement existé. J’en suis persuadé, et ce ne sont pas les maladroites dénégations de l’armée – n’oublions jamais son surnom : la Grande Muette – qui changeront quoi que ce soit à ma conviction. Cependant, comme un journaliste digne de ce

nom ne peut se contenter de croyances, je compte mener

une enquête sérieuse sur les SGM et promets d’en divulguer

les résultats dans ces pages.

Jules-Jean Jacquin

La Nouvelle Europe Libre

 

Avait-elle vraiment perçu des bruits de porte et de pas ? Hristo s’était-il vraiment écarté d’elle ? Jemma ressentait encore la morsure du métal entre ses omoplates, la chaleur d’une haleine sur sa nuque, les saccades d’une barre entre ses fesses, mais aucune douleur à l’intérieur d’elle, pas même une réaction de rejet, pas même un frisson de dégoût, juste une trouille immense qui lui labourait les tripes et lui figeait le sang. Il ne l’avait pas pénétrée. Elle n’osait pas se retourner, gagnée par les crampes. Des clapotis, des frottements, un cliquetis s’élevèrent derrière elle.

Un rayon de lumière éclaboussa l’espace entre le mur et le paravent. Éblouie, Jemma rentra la tête dans les épaules. Elle vit, du coin d’œil, l’ombre du Bulgare s’allonger démesurément sur les planches rugueuses.

« Pose ton flingue, Hristo ! »

La voix de Luc. Hristo, prisonnier du faisceau lumineux, se figea.

« Toi, même pas d’arme ! grogna le chauffeur.

— Erreur. J’ai un 9 millimètres pointé sur toi. Au moindre mouvement, je te fais sauter ce qui te sert de cervelle. »

Hristo baissa le bras sans lâcher son arme.

« Quoi de mal ? Nous grandes personnes, juste baiser.

— On ne baise pas avec un flingue ! Pose-le par terre, je te dis. Plus vite, je perds patience. »

Le Bulgare acquiesça d’un mouvement de tête, se pencha sur le côté, laissa tomber son pistolet à côté de son pied, se redressa, plaça une main en visière au-dessus de ses yeux et l’autre sur son bas-ventre.

« Bouge plus ! reprit Flamand. Jemma, reprenez vos fringues et allez vous rhabiller. »

Jemma enjamba le rebord du bac et rassembla ses vêtements étalés sur le paravent. Elle ne maîtrisait pas ses gestes, elle n’avait plus aucune autorité sur ses muscles, sur ses nerfs, elle coulait dans une eau amère et froide, elle manquait d’air. Elle passa de l’autre côté du paravent, dans l’obscurité, avança au jugé, buta contre un matelas, s’adossa à la cloison, entreprit d’enfiler ses vêtements. Haletante, glacée, ébranlée par les martèlements de son cœur.

La voix de Luc devant elle, à la fois proche et lointaine.

« Envoie ton flingue par ici, Hristo. Sans te pencher. Juste un coup de pied. »

Le Bulgare s’exécuta, un choc sourd, suivi d’un raclement de métal sur les lattes du parquet.

« Eh, pas laisser moi à poil comme ça, grogna Hristo. Moi cailler.

— Fallait pas te déshabiller !

— Toi besoin moi pour conduire camion jusqu’à Burgas. »

Jemma se battait avec ses vêtements, incapable de contrôler les tremblements de ses mains. Elle réussit tant bien que mal à mettre son soutien-gorge, sa culotte, son fuseau, ses chaussettes, manqua de perdre l’équilibre, se colla contre le bois de la cloison dont les échardes lui griffèrent le dos.

« Je te propose un marché, Hristo. Je garde ton flingue jusqu’à Burgas. Si tu la touches encore une fois, si tu lui manques de respect une seule fois, je te jure que je te colle une balle dans le crâne. »

Le Bulgare marmonna une succession de syllabes rocailleuses qui avaient sans doute valeur d’acquiescement. Jemma achevait d’enfiler son pull lorsque le faisceau de la lampe s’approcha d’elle. Elle tressaillit, les lumières et les ombres dansèrent autour d’elle, un visage émergea de l’obscurité.

« Ça va ? »

Luc Flamand baissa la lampe, la lumière dégringola sur le matelas, sur les chaussures de Jemma, sur les lattes mal rabotées et noueuses du parquet. Elle entrevit l’arme de Hristo dans la main du journaliste, ce fichu pistolet qui lui meurtrissait encore l’échine.

« Il ne vous a pas… »

Elle secoua la tête avec rage. Des larmes se décrochèrent de ses cils. Si ce salaud l’avait violée, elle serait morte. Morte de dégoût. Morte de honte.

« Il ne vous fera plus de mal. Je rapprocherai mon matelas du vôtre si ça peut vous rassurer. »

Elle n’avait plus la force de penser, elle se savait environnée de présences hostiles, comme s’il ne pouvait rien sortir de bon de cette nuit de cauchemar. Luc Flamand lui-même avait des airs de salaud. Elle ne parvenait pas à se réchauffer, transie jusqu’à la moelle. La silhouette fantomatique de Hristo traversa la pénombre de l’autre côté de la pièce. Comment pourrait-elle dormir dans la même pièce que lui ? Comment pourrait-elle continuer à respirer le même air que lui ?

« Il faut essayer de vous reposer, Jemma.

— Qu’est-ce que vous foutiez dehors, merde ? »

Premiers mots qu’elle avait réussi à cracher, des mots de reproche, une envie brutale de frapper, de griffer, de mordre.

« J’avais à faire.

— En pleine nuit ? Dans ces montagnes ?

— Peu importe. Le principal est que vous vous en tiriez sans bobo. »

Elle s’était retrouvée à poil devant un salaud, les jambes écartées, souillée par son haleine, par ses mains, par sa sueur, par son désir, sous la menace de son flingue et de sa queue tordue, il lui faudrait des mois, des années, des vies pour oublier son humiliation, pour éponger sa colère.

« Sans bobo ? Qu’est-ce que vous en savez ? »

Luc Flamand dirigea le faisceau de la lampe vers le matelas de Hristo. On ne distinguait plus qu’une masse informe sous l’amas de couvertures.

« Demain sera un autre jour.

— Gardez vos belles phrases pour vous ! » La voix de Jemma vibrait de rage. « Je n’ai plus envie de voyager avec ce sale type.

— Nous n’avons pas le choix. Nous avons déjà payé notre voyage. Les passeurs nous attendent à Burgas.

— Qu’est-ce qu’on va foutre à Burgas ? Qu’est-ce qu’on va foutre de l’autre côté de la frontière ? »

Luc promena le rayon de la lampe sur les cloisons et le plafond lambrissés.

« Chercher des réponses. Je ne sais pas lesquelles.

— Pourquoi y aurait-il des réponses là-bas ? »

Luc éclaira l’espace entre son matelas et celui de Jemma. La lumière heurta des bouts de bois cloués au plancher, révéla des failles entre les lattes disjointes.

« Elles sont en nous, mais on a parfois besoin de bouger pour s’en apercevoir. Et puis vous avez entendu l’aubergiste : il parle lui aussi d’une armée formée d’enfants européens.

— Des conneries. Je m’en fous, je veux retourner en France.

— Vous ne serez pas plus en sécurité dans les rues de Paris que sur les routes.

— J’aurais pu retrouver du travail, j’aurais pu garder ma maison si vous ne m’aviez pas forcée à venir avec vous. Maintenant, je suis paumée avec deux tarés au milieu de nulle part !

— Vous devriez essayer de dormir.

— C’est ça, et attendre que l’autre dingue vienne finir le travail.

— Je vous ai déjà dit qu’il ne vous embêterait plus.

— Parce que vous lui avez piqué son flingue ? Il profitera de votre sommeil pour vous le reprendre !

— Je ne dors jamais tout à fait. »

Les larmes jaillissaient maintenant des yeux de Jemma. Elle enrageait d’être une femme, une stupide femme, dans un monde régi par les hommes, leurs bites et leurs armes, elle aurait voulu avoir des épaules et des poings d’homme pour casser la gueule au Bulgare et à tous les salauds de son espèce. Elle fouilla les poches de sa parka à la recherche de mouchoirs en papier, n’en trouva pas, s’essuya les joues d’un revers de manche.

« Je ne dormirai pas non plus après ce qui s’est passé, murmura-t-elle.

— Nous sommes bloqués ici jusqu’à demain matin. Autant essayer. »

Elle se résigna à suivre les conseils de Flamand et accepta qu’il tire son matelas à côté du sien. Elle n’aurait pas eu le courage de s’allonger s’il ne s’était pas placé entre Hristo et elle. Elle se coucha tout habillée et remonta les couvertures sur elle. Elle mit du temps à s’endormir, suspendue aux rumeurs de la nuit, tressautant au moindre craquement, imprégnée de l’odeur du Bulgare.

 

Sans les sapins alignés comme des sentinelles sur les bas-côtés, on se serait cru au cœur d’un désert blanc. Les roues traçaient d’impressionnantes ornières dans la neige encore molle qui recouvrait la route. Hristo avait empêché le camion de caler en jouant sans cesse des pédales d’embrayage et d’accélération. Il roulait au pas sur le plateau hérissé de pics et d’arbustes couchés par le vent et le poids des congères. Il valait mieux ne pas tomber en rade dans une telle désolation. Jemma portait une attention inquiète aux ratés du moteur. Bien qu’elle n’eût pratiquement pas fermé l’œil de la nuit, elle refusait de s’abandonner au sommeil qui lui tirait les paupières et lui pesait sur les épaules. Elle n’avait échangé aucune parole, aucun regard avec les deux hommes pendant le petit déjeuner servi par leur hôtesse, pudding et pain de seigle rassis, pommes de terre, miel et une matière grasse au goût rance présentée comme du beurre. Les enfants les plus jeunes étaient regroupés autour du poêle de la grande pièce, les plus grands étant partis avec leur père à l’office quotidien.

« Vous disposez d’un prêtre ou d’un pasteur, par ici ? » s’était étonné Luc.

La brève crispation de leur hôtesse n’avait pas échappé à Jemma.

« Pasteur évangélique. Venir avant la guerre. »

Elle leur avait servi une boisson brûlante au vague goût de café. Ils avaient pris congé avant le retour du mari et étaient repartis en pleine tempête de neige. À aucun moment les regards de Jemma et de Hristo ne s’étaient croisés. Elle s’était collée contre la portière, le plus loin possible du chauffeur, évacuant ses bouffées de colère d’un soupir ou d’un coup de poing sur la banquette. Elle n’aurait pas pu s’empêcher de lui planter ses ongles dans les yeux s’il s’était tenu à portée de main. Elle n’avait pas adressé non plus la parole à Luc Flamand ; elle lui reprochait toujours de l’avoir laissée seule dans la chambre en compagnie du Bulgare.

Ils roulèrent une partie de la journée sans qu’un mot ne fût prononcé. Ils parcoururent, d’après les panneaux, une soixantaine de kilomètres avant d’apercevoir les toits grisâtres de bâtiments qui ressemblaient à des casernements.

« Essence », marmonna Hristo.

Les constructions étalaient leurs formes anguleuses et disgracieuses derrière deux rangées de barbelés de quinze mètres de haut à demi occultés par le givre. C’était l’un de ces camps érigés en toute hâte au début de la guerre et laissés en l’état après le traité de Bratislava. Les formes d’engins militaires, chars, hélicoptères, camions, jeeps, se devinaient sous leurs bâches de neige. On ne distinguait en revanche aucune sentinelle sur les deux miradors restés debout. Le mince panache de fumée qui s’élevait d’une cheminée montrait que le cantonnement n’était pas désert. Hristo bifurqua sur la gauche, s’immobilisa devant un immense portail en tôle couronné de barbelés et donna deux fois de suite trois coups de klaxon. Le portail coulissa sur ses rails au bout de plusieurs minutes d’une attente silencieuse et crispante. Le Bulgare engagea son véhicule sur une allée centrale bordée de bâtiments symétriques. Deux silhouettes dévalèrent un court escalier, s’avancèrent au milieu de l’allée et, d’un geste du bras, lui ordonnèrent de s’arrêter. Ils portaient des capotes claires munies de capuches fourrées, des moufles de peau retournée, des bottes blanches et des fusils d’assaut en bandoulière, des M 19, des modèles américains.

Hristo descendit et échangea quelques mots avec eux avant de remonter dans la cabine.

« Eux vendre moi gasoil. Pas cher.

— Qu’est-ce qu’ils fichent dans ce trou ? demanda Flamand.

— Armée régulière européenne. Garnison. Garder le camp.

— Ils se font un peu d’argent de poche en revendant les stocks d’essence ?

— Pas seulement. Armes aussi.

— Ils n’ont pas d’ennui avec leur hiérarchie ?

— Officiers, hommes politiques, tout le monde toucher.

— Comme pour les déchets nucléaires que tu transportes ? »

Le Bulgare désigna les deux soldats d’un mouvement de tête.

« Eux vouloir flingues. Donner eux. Rendre quand nous partir.

— Je leur donne moi.

— Pas te connaître, pas vouloir. Seulement moi donner. »

Luc hésita quelques secondes, puis finit par sortir un pistolet de la poche intérieure de son manteau et le présenta à Hristo. Le chauffeur garda la main tendue.

« L’autre.

— Quel autre ?

— Toi dire avoir 9 millimètres.

— Faut pas toujours croire ce qu’on dit. »

La stupeur écarquilla les yeux sombres de Hristo, qui secoua la tête, comme pour se débarrasser d’un souvenir encombrant.

« Toi sûr ? Si eux découvrir arme toi, eux devenir mauvais. »

Luc confirma d’un mouvement de tête. Le Bulgare lui adressa un sourire mi-contrit mi-entendu avant de retourner près des deux hommes et leur remettre le pistolet.

« Vous… vous n’avez vraiment pas d’arme ? »

Jemma se rendait compte, avec effroi, qu’elle n’avait dû son salut la veille qu’à un coup de bluff.

« Qui vit par l’épée périt par l’épée, répondit Flamand. Je n’ai pas l’intention de périr par l’épée.

— Et s’il ne vous avait pas cru…

— Il aurait réalisé un coup double : il m’aurait flingué et vous aurait violée. Ça a marché parce que je lui ai donné le détail qui tue. Il m’a demandé où était mon 9 millimètres… »

Jemma frissonna. Le moteur continuait pourtant de tourner et de diffuser dans la cabine sa chaleur aux relents d’huile surchauffée.

« Vous jouez souvent à quitte ou double ?

— Quand je n’ai pas d’autre carte en main. Vous auriez préféré que je le laisse aller au bout de ses intentions ? »

Jemma regrettait maintenant de s’être montrée agressive avec Luc. Il avait pris des risques énormes pour la tirer des griffes du Bulgare.

« Vous pensez qu’il va vous le rendre ?

— Il a son propre code d’honneur. Il ne remettra pas sa défaite en cause. Il sait qu’il a perdu à la loyale.

— Et moi, il me voulait à la loyale ? »

Hristo buvait au goulot d’une flasque que lui avait tendue l’un des deux soldats. Aucun autre signe d’agitation dans le camp. L’engin qui avait dégagé les allées avait abandonné des talus d’une neige légèrement jaunie sur les côtés. La grisaille des toits se confondait au loin avec les nuages bas et lourds.

« Comme il vous juge plus faible que lui, il s’est cru autorisé à vous prendre. Il a vécu sur la côte bulgare, dans l’une des régions les plus touchées par la guerre. Il n’a toujours connu que le rapport de force.

— Vous l’excusez, on dirait…

— C’est un être humain, comme vous, comme moi. Il a eu une mère, des frères et des sœurs peut-être. J’essaie seulement de comprendre ce qui s’est passé en lui pour qu’il en arrive là.

— Et les légionnaires du Christ Roi, et les tortionnaires de tous poils, vous les comprenez aussi ? »

Les soldats et le chauffeur, alertés par l’éclat de voix de Jemma, levèrent les yeux sur le pare-brise du camion. Elle crut déceler une lueur ironique dans le regard de Flamand. Il posait d’ailleurs un regard perpétuellement détaché – agaçant – sur les événements et sur ses semblables.

« La peur est le dénominateur commun. Je crois que si les hommes cessaient d’avoir peur, aucun tortionnaire n’aurait le moindre pouvoir sur eux. »

Jemma faillit lui rétorquer que la disparition massive des enfants n’avait aucun rapport avec la peur, mais elle y renonça, se disant qu’il ne servait à rien d’argumenter – elle devait reconnaître en toute honnêteté qu’elle n’avait surtout pas envie d’être ébranlée par ses réponses. Elle préféra changer d’angle.

« Qu’est-ce que vous allez chercher, exactement, de l’autre côté de la frontière ? »

Le Bulgare but une nouvelle gorgée à la flasque métallique, retira l’un de ses gants pour allumer une cigarette, cracha une guirlande de fumée qui se confondit avec la buée s’échappant de la bouche des soldats.

« Des portes. Ou d’autres chemins.

— Vous m’offrez une cigarette ? »

Luc prit une cigarette dans le paquet posé sur le tableau de bord et la donna à Jemma.

« J’y reprends goût, à ces satanées clopes ! Elles ouvrent sur quoi, vos portes ? »

Flamand la fixa un long moment. Il n’y avait cette fois aucune trace d’ironie dans ses yeux clairs.

« D’autres mondes, peut-être… »

Les Chemins de Damas
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